Histoire de nos alpages
Le territoire affecté aujourd'hui aux différents alpages
fut de tout temps un bien de la communauté. En bordure des terres
communes s'élevaient une série de chalets privés.
Les propriétaires de ces chalets se nommaient chalétaires
et on les trouvait à l' A Neuve, au Barfay, à La Verne,
à Ferret, et la Léchère. De ce fait, 60 à
80 particuliers profitaient de l' herbe commune dans sa totalité.
Cette situation sera contestée au XIX. siècle et aboutira
à la création des alpages.
Le 9 septembre 1849, une pétition demande "une meilleure
administration de nos montagnes en les établissant communales
ou en consortage". Par 177 voix contre 86, les Orsériens
refusent, mais le Conseil propose:
+ de séparer les génissons et de les cantonner à
La Peule, Planeureuses, Ban Darray et Les Luis
+ d'imposer aux moutonniers les parcs sur le parcours des vaches
+ de régler les repas des vaches pour avoir chaque jour de l'
herbe fraîche.
+ En 1852, par 113 oui contre 1 non, les votants
acceptent d'organiser toutes les montagnes en consortages.
Le 6 mai 1854 le périmètre des alpages à vaches
et les secteurs attribués aux génissons sont délimités
définitive-ment. Le 12 mai, par tirage au sort sur la place publique,
chaque chef de famille se voit nommer consort d'un alpage. Entre le
12 mai et le 20 juin de la même année, les charpentes des
étables furent acheminées vers chaque alpage par les consorts,
au nombre de :
52 à la Fouly - 44 aux Ars - 61 à la Léchère
- 64 à la Peule - 44 à Mont Percé - 87 à
Plan de la Chaux, soit un total de 352 consorts pour 544 vaches.
Les vaches sont traites Iè matin et l'après-midi. Leur
lait est mesuré à la sonde. Le fromage est fabriqué
maigre afin de produire le beurre indis-pensable à la cuisine
paysanne.
De nos jours, les alpages ont connu la désafectation graduelle
qui atteignit la paysannerie après 1950. Il est visible que les
pâturages sont moins entre-tenus qu'alors: les pierriers, les vernes
vertes gagnent du terrain aux dépens de l' herbe nourricière.
Cela provient certainement du fait que le nombre de consorts, ainsi
que le nombre de vaches a diminué.
Ce qui changea le plus au cours des ans fut probablement le prix de
l'inalpe. Les 5 francs qu'elle coutaÎt en 1905 étaient
devenus 500 francs en 1975 et 700 francs en 1997.
La raréfaction du bétail voyait fusionner, dans les années
1970, les alpages de la Léchère et de Plan de la Chaux
ainsi que de la Fouly et de la Peule.
En 1998, les alpages de la Fouly et de la Peule sont à nouveau
séparés et attribués à des locataires différents.
Aujourd'hui sur l'alpage
Dans les alpages du Val Ferret, l'herbage est
propriété de la Bourgeoisie tandis que les bâtiments
et leur entretien est à la charge des consorts. Pour l'entretien
du patrimoine bâti, les collectivités participent financièrement
à la réfection des locaux d' habitation, des étables,
des routes d'accès, des installations de purinages, etc.
L'estivage, période durant laquelle les vaches sont alpées,
dure environ 1 00 jours. Cela libère le paysan qui peut ainsi
engranger la réserve de foin pour l' hiver. Ce fourrage de base
étant gratuit, cela représente un apport économiquement
intéressant.
Un alpage est exploité en commun. 3 à 5 employés
(fromager, maître berger et berger) y travaillent. Ils sont nourris,
logés et tous les jours sont comptés comme journée
de travail.
Le coût journalier d'une vache sur l'alpage est de l'ordre de
6 à 7 francs.
Une contribution fédérale est versée pour l'entretien
de l'alpage à chaque vache qui passe l'été sur
l'alpage.
Une vache en lactation produit environ 500 kg de lait par été.
En fonction de l'herbage, du travail du fromager,
du soin apporter aux fromages, chaque alpage caractérise et "type"
les produits qu'il fabrique.
A la fin de l'estivage (désalpe) le produit de l'alpage est partagé
entre chaque propriétaire. Suite à cette répartition,
le propriétaire vend son produit ou le garde.
L'alpage joue également un rôle culturel. C'est un lieu
de rencontre pour les agriculteurs. Lors de la montée à
l'alpage (inalpe) c'est la fête. Au divertissement s'ajoute un
climat de tension créé par la race d' Hérens et
l'émulation que représente la mise en place de la hiérarchie
au sein du troupeau. Lors de la désalpe, cet esprit de fête
est également présent, tout comme la fierté du
paysan qui peut défiler au devant de sa vache décorée.
On relève les mérites de le meilleure combattante, la
reine de l'alpage, qui durant l'été a imposé sa
force au reste du troupeau. On décore aussi celle qui a produit
le plus de lait.
Source: Le programme distribué lors de la désalpe 2004
Connaissez-vous d'autres histoires que vous souhaitez
partager? Avez-vous des photos de lieux remarquables? Ou connaissez-vous
d'autres évènements?
Envoyez nous vos informations: